– Tu m’édites ?
– Oui. Je médite.
C’est presque devenu un lieu commun autour duquel il est difficile de ne pas céder, d’abord parce qu’il
contient une grande part de vérité, ensuite parce qu’il est une composante intrinsèque et essentielle du
tricot.
La plupart des personnes qui tricotent, tel monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir, médite
sans le savoir. Quand le geste du maniement des aiguilles est maîtrisé, les automatismes acquis, l’esprit
est libre de vagabonder en se recentrant sur un point de référence. Pas le point mousse, ni le point de riz,
pas plus le point de blé ni le point de rivière, non, le point d’observation du fond de soi où se tricotent et
détricotent les moments privilégiés de relaxation. C’est parfois dans ces moments là que le point de riz se
relâche, ou le point de mousse tache ou tique.
Extrait de Tricothérapie par Peace & Wool – Editions Flammarion – Photos Claire Curt